Damvillers : un village au passé agité

Le territoire de Damvillers va appartenir au fil des  siècles à l'Austrasie, à la Lotharingie, au Saint Empire Germanique, aux Duchés de Bourgogne, de Luxembourg, de Lorraine, de Bar, et enfin définitivement à la France en 1766.
Damvillers, un moment prévôté en 1661, deviendra ensuite chef-lieu de canton en 1790.
On retrouve les prémices de l'existence de Damvillers dès le VIIIème siècle. Luitwin, seigneur mérovingien fonde l'abbaye de Mettlach pour l'Evéché de Trèves. Il envoie des moines pionniers qui assèchent les marais, défrichent les terrains, créent des oratoires et des prieurés.
Au cours du XIIème siècle, deux seigneurs, l'un à Mureau, l'autre sur les hauteurs de Lissey au Châtelet se querellent sans cesse et mettent à contribution un petit couvent installé dans la plaine. Le prieur se plaint auprès du Comte de Chiny, souverain du pays, qui décide de construire une citadelle pour protéger le couvent, expulse les seigneurs et s'empare de leurs biens.



Gravure représentant Damvillers, ville fortifiée 


Charles Quint

En l'an 1282, le village de Damvillers est affranchi à la "loi de Beaumont". Le document expose les privilèges, coutumes qui régissent la ville et son ban, c'est à dire Réville, Etraye, Wavrille et les quatre villes d'Entrecourt, à savoir : Moirey, Ecurey, Peuvillers et Gibercy. L'application de la loi de Beaumont est confirmée par tous les propriétaires pendant des siècles.
En 1324, contrat de la vente est faite par l'abbé Conrad de l'abbaye de Mettlach au prince Jean de Bohème, Comte de Luxembourg, dit Jean l'Aveugle. Damvillers devient de ce fait une petite ville luxembourgeoise.
En 1475, après la bataille de Nancy, René II, Duc de Lorraine et de Bar attaque Damvillers et en entreprend le siège.
En 1526, Charles Quint décide de faire de Damvillers, une clé de défense pour son Duché de Luxembourg. Il augmente les ouvrages de la citadelle, trace le plan de la ville qu'il entoure de murs, de fossés, de bastions et en fait une des places fortes de ses frontières.
En 1542, le Duc d'Orléans, second fils de François Ier est chargé de reconquérir le Luxembourg sur l'Empereur Charles Quint. Le jeune duc s'empare de toutes les palces frontières et se distingue à la prise de Damvillers, visitée l'année suivante par François Ier. Prise puis reprise en 1552, Damvillers est à nouveau assiégée par le roi Henri II en campagne.
Les conditions climatiques favorisent l'attaque et la ville est prise. Une fois de plus,  Damvillers est brûlée et ruinée.

La signature entre le France et l'Espagne en 1559 du traité de Cateau-Cambrésis, restitue au roi d'Espagne des places, villes et châteaux, dont Damvillers.
Le dernier siège de Damvillers (18 août-24 octobre 1637) s'inscrit dans le cadre de la Guerre de Trente Ans. A cette époque Damvillers est une place forte espagnole enclavée dans le Verdunois. Sa situation en zone marécageuse la rend quasiment inattaquable l'hiver. C'est une forteresse solidement renforcée.


Le plan des fortifications de Damvillers


Damvillers occupée par les Allemands entre 1914 et 1918. L'école actuelle qui se trouve derrière la statue du Maréchal Gérard avait alors été transformée en hôpital.
En cette année 1637, Louis XIII et Richelieu créent une armée dite de "Luxembourg" placée sous les ordres de Gaspard III de Coligny, maréchal de Chatillon. Ils décident de s'emparer des places frontières des Pays-Bas espagnols. Après deux mois de résistance, sans aucune aide extérieure, la garnison et les civils sonr épuisés, la reddition est signée le 24 octobre 1637.
Par le traité des Pyrénées signé le 9 novembre 1659, Damvillers et quelques places fortes du Luxembourg sont cédées à la France. Louis XIV fait raser les fortifications en 1678. Les pierres et autres matériaux sont vendus aux habitants. A ce passé agité, il faut ajouter les épreuves subies par la population dans les épidémies, la peste en 1626, le choléra en 1854, puis l'occupation, les pertes humaines, les villages détruits les souffrances durant les  guerres de 1870, 1914-18 et 1939-45 qui opposèrent la France et son voisin allemand .
Le blason de Damvillers


Parti au 1 burelé d’argent et d’azur de dix pièces, au lion de gueules à double queue, armé lampassé et couronné d’or, brochant sur le tout, qui est de Luxembourg ; au 2 d’azur semé de fleurs de lys d’or, au bâton de gueules péri en bande qui est de Clermont moderne.

Ce sont les armes de Béatrix de Bourbon, épouse de Jean, roi de bohème et comte de Luxembourg. Le père de Béatrix, Louis de Bourbon, était également comte de Clermont, ce qui explique que le blason est parti de Luxembourg et de Clermont. Béatrix avait apporté en mariage plusieurs châteaux dont Damvillers dont elle fit sa résidence à partir de 1359. Damvillers fur fortifiée par son mari, puis plus tard par Charles Quint pour protéger le duché de Luxembourg dans les guerres qu’il fit contre la France.


                                                     
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